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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/156

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SOUVENIRS

corps de leur parent ni leur dire ce qu’il était devenu, ces plébéiens transtévères en firent grand bruit ; il se mutinèrent et se portèrent avec une foule de peuple à l’amphithéâtre de chirurgie, qu’ils assaillirent en grand tumulte et qu’ils dévastèrent, ensuite ils retournèrent au Spirito-Santo pour y fouiller le cimetière de l’hospice, ce qui fut pareillement sans résultat pour leur recherche. On fut obligé de faire marcher contre eux la garde pontificale, et la sédition dura trois jours.

On avait fait en outre une singulière remarque. On se disait tout bas que le Cardinal Girao n’avait pas voulu recevoir l’Eucharistie, sur son lit de mort, et que les Preti-parocchi qu’on avait fait venir pour lui donner les derniers sacremens avaient été mandés à Castel Gandolfo pour y être interrogés par le Saint-Père. Il paraît que le Cardinal avait donné plusieurs signes de connaissance et d’assentiment pendant l’administration des sacremens de pénitence et d’extrême-onction ; il avait fait le signe de la croix lorsqu’on avait prononcé l’Absolvo te, et quand on approcha le crucifix de ses lèvres, il y porta la main pour l’y retenir avec une expression de piété fervente ; mais toutes les fois qu’on avait essayé de lui administrer le Saint-Viatique, il avait serré les lèvres avec un mouvement de frayeur et de contraction visible. — Était-ce pour ne pas commettre un sacrilége ? – Il avait pourtant reçu l’absolution. — C’était peut-être que sa maladie provenait d’une indigestion dont il avait le sentiment et dont il redoutait les suites… Je vous en dirai mon avis plus tard, et, pour le moment, laissons le