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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

corps du Transtévère ou du Cardinal dans son cercueil drapé d’écarlate et dans son caveau de Sainte-Marie-Majeure.

Indépendamment des Comtes Girao, mon filleul avait laissé trois autres neveux, fils de sa sœur, Mme de la Bourdaisière, et c’étaient trois jeunes Messieurs qui auraient eu grand besoin de la succession d’un Cardinal Exarque de Ravenne et pensionné de l’Autriche. Le dernier Duc de Vendôme leur avait pourtant légué quatre cent mille écus, parce qu’ils étaient parens de sa grand’mère, Gabrielle d’Estrées, laquelle était fille d’une certaine Françoise Babou de la Bourdaisière ; dont il est assez parlé dans les mémoires et les satires de son temps. Ils avaient hérité de je ne sais combien de millions par la maison de Longueval et la succession du vieux Manicamp ; mais tout cela fut engouffré dans un abîme sans fond et sans rivages. L’aîné des trois frères était le moins déraisonnable de la famille ; et, pour avoir une idée de son bon ménage, écoutez l’anecdote suivante :

Il avait fait un admirable trait d’héroïsme en Hongrie, et l’Impératrice Reine l’en avait récompensé par le don d’une riche et superbe terre en Silésie. Par un sentiment d’irritation contre la jalousie des officiers autrichiens, à l’honneur de la libéralité française, et pour éviter qu’on n’attribuât cet acte de bravoure à des idées mercenaires, il avait eu la délicatesse de vendre sa baronnie de Sporthemberg à un fournisseur des armées impériales qui la lui paya cent soixante mille florins d’Empire en espèces sonnantes. Alors il avait dé-