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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ger toute la journée, la comédie le soir, avec un bal pendant la nuit ; et si, malgré le soin qu’il y mettait, on n’avait pu consommer les cinq mille cinq cents florins destinés aux dépenses de la journée, il en faisait jeter le restant par la fenêtre, en disant qu’une pareille action n’était pas dérogatoire à la prodigalité.

C’était par le Chevalier de Créquy que nous avions appris cette belle aventure de son camarade la Bourdaisière, et la chose était d’autant plus curieuse, en nous arrivant par lui qu’il était le plus avare des hommes. J’aurai de ridicules et d’étranges révélations à vous en faire (de ses économies) lorsque j’en serai là[1].

Mme de Louvois comparait les jeunes la Bourdaisière à ces trois neveux de Papimane à qui leur oncle, l’Évêque Jobelin, faisait toujours de si beaux sermens pour ce qu’ils buvaient frais et mangeaient volontiers salé, tantis que lui se tenait coy sanistrement devers les femmes, faisant volontiers de nécessité vertu, et jamais d’une pierre deux coups. Mon filleul avait si bien adopté cette plaisanterie, qu’il employait quelquefois, pour les gronder, les propres expressions de l’Évêque Jobelin à l’endroit de ses troiz enragez de nepveux, Rifflandouille, Foliborax et Culipotent[2].

  1. Sébastien légitimé de Créquy, Chevalier de Malte au grand prieuré de Flandre et Mestre-de-camp de cavalerie au service de France, mort en 1794, âgé de 69 ans. Il était fils naturel du Comte de Créquy-Canaples et de Noble Sébastienne Eymerk, Damoiselle de Riskle en Brabant, lors solus et non mariés, porte la charte impériale de sa légitimation, datée du 14 juin 1756.
    (Note de l’Auteur.)
  2. « Vous este dévots non plus qu’une hottée de singes et doulx comme un baril de moustarde. Vous machinez tout jour