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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/160

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SOUVENIRS

Toute la famille du Cardinal avait fini par tomber dans la détresse, ou peu s’en fallait. Les Babou de la Bourdaisière s’étaient fait tuer l’un après l’autre, et les Girao n’avaient plus guère autre chose que leur pension sur la caisse del Buon-Governo (il y avait treize ans qu’on avait enterré leur oncle), lorsqu’ils reçurent une lettre de l’Évêque de Marseille qui les invitait à venir le trouver dans sa ville épiscopale, et le plus tôt possible, attendu qu’il avait un legs à leur délivrer[1]. Ils ne doutèrent pas que ce ne fût quelque restitution relative à la succession de leur père, et pour s’épargner les ennuis du voyage, ils écrivirent à M. de Belloy pour le prier de remettre la somme en question entre les mains d’un banquier marseillais qui avait été le correspondant du vieux Giraud, mon compère, et qui leur en ferait parvenir le montant.

La chose était impraticable en ce qu’il était question d’une cassette dont ce prélat avait promis de ne se dessaisir que pour la remettre en propres mains à l’un des frères Girao. Provoqué par les sollicitations continuelles de l’Évêque, le Comte André finit par se décider à faire le voyage de Provence, et ce fut après six mois de correspondance et d’hésitation qu’il arriva chez M. de Marseille.

    quelque diablerie contre les légistes, le guet, les sergents et les dévotes sucrées que vous allez faire dampner à l’église. — Oh ! oh ! leur disait tristement leur uncle Jobelin, vous avez de l’entendement comme un bréviaire dezchiré, de la preudance comme un limas sortant des fraises, etc. »

    (Note de l’Édit.)

  1. Jean-Baptiste de Belloy, mort Archevêque de Paris et Cardinal, en 1808, âgé de 99 ans.
    (Note de l’Éditeur.)