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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

La cassette était remplie d’obligations au porteur sur le trésor impérial de Vienne, et contenait en outre une trentaine de beaux diamans dont le Comte André Girao (qui vint à Paris pour les vendre) m’a dit qu’il avait retiré près de 400 mille livres.

— Me voilà délivré d’une obligation qui m’inquiétait sans relâche, et, Dieu merci, vous avez votre cassette entre les mains, lui avait dit le bon Évêque. J’avais été appelé dans une bastide isolée où j’ai trouvé deux ecclésiastiques, italiens, je le suppose à leur accent ; l’un d’eux, qui se mourait, m’avait demandé la communion et m’avait fait contracter l’engagement dont je viens de m’acquitter envers vous, Monsieur le Comte. Je n’ai rien voulu savoir et je n’en sais pas davantage ; ainsi ne m’en demandez pas plus.

L’Évêque de Marseille, avec qui ma belle-fille et le Marquis de Muy votre grand-père ; étaient d’une intimité parfaite, n’a jamais voulu répondre à aucune de leurs questions sur le Cardinal ou sur le Comte Girao. Celui-ci m’a révélé des choses bien tristes, mais ce qui nous rassérénait cependant pour le salut de son oncle, c’était la sainte frayeur et la résolution qu’il avait montrée pour ne pas communier profanatoirement après souper, en viatique et sans être véritablement en danger de mort… J’étais sa marraine ; il en résulte une obligation sacrée, mon Enfant, et je vous recommande l’entretien de la messe que j’ai fondée pour le repos de son âme à Saint Sulpice.