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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/177

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qu’on en disait et que vous en entendrez dire. C’était de leur part, non pas une affaire de légèreté libertine ou de calcul abject, mais d’entraînement passionné, de faiblesse humaine, et plutôt d’amour éperdu que de galanterie. L’aînée de ces trois sœurs de Nesle en est restée gémissante et désolée pendant 28 ans qu’elle a passés sous un cilice et dans toutes les mortifications de la pénitence. La cadette en est morte de regret, de honte et peut-être aussi de tourment jaloux, car, en dépit des compositeurs de biographies, son amour pour Louis XV était le seul poison qu’elle se fût administré. Son hostilité contre le Duc de Choiseul est une invention fabuleuse, et la cause indiquée par les romanciers comme étant celle de sa mort est une calomnie ridicule. Mme de Vintimille était devenue pulmonique en suite de ses émotions, de ses affections et de ses insomnies ; et sa maladie n’a pas duré moins de 16 à 18 mois. Quand à la Duchesse de Chateauroulx, plus difficile à défendre, et que je n’entreprendrai certainement pas de disculper, je vous dirai pourtant qu’il y avait dans cette femme-là de la Jeanne d’Arc ; mais comme il y avait aussi de l’Agnès Sorel, et comme elle était ma filleule et notre parente, vous comprendrez la contrariété, l’ennui le dégoût, le chagrin que j’en ai soufferts : vous concevrez la retenue que j’ai mise à vous parler d’elle, et vous approuverez certainement que je ne vous en reparle plus.

Ce n’est pas du tout Mme de Châteauroulx, et ce n’est pas non plus Mme de Flavacour, à qui l’avocat Linguet avait eu l’insolence et la brutalité d’appliquer une épithète injurieuse au milieu d’une église ;