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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/176

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SOUVENIRS

mande pas si le Diable a plusieurs noms, répliqua le Dauphin, je voulais savoir si vous aviez retenu que c’était un ange rebelle et déchu. Ensuite de cela, M. le  Comte d’Artois se prit à dire qu’il avait fait plier au lieu de ployer son épée, et voilà Monsieur qui s’écrie : — Ah ! quel solécisme, et que j’en suis honteux pour vous ! un prince de notre maison ne doit s’exprimer qu’en bon français ; un prince doit savoir parler sa langue. — Et vous, mon frère, lui repartit vivement le Comte d’Artois, qui n’était âgé que de six à sept ans, vous devriez apprendre à retenir la vôtre. Enfin M. le duc de Chartres arriva chez Madame la Dauphine, et comme il ne disait que Monsieur en adressant la parole aux deux princes cadets, le Comte de Provence observa tout haut que M. le Duc de Chartres agissait cavalièrement, et qu’il était devenu bien familier ; car enfin, disait-il, nous sommes de la famille royale, et comme il n’est que prince du sang, il devrait nous appeler Monseigneur. — Plutôt mon Cousin, s’écria le Comte d’Artois, qui était le plus aimable enfant du monde. N’est-ce pas, mes frères, il pourra nous appeler mon Cousin, s’il est bien sage ?

J’aurais été bien fâchée de vous entretenir successivement de Mesdames de Mailly, de Vintimille et de Châteauroulx[1]. C’étaient des personnes de trop grande naissance pour que je veuille enregistrer ce

  1. Ces belles amies du Roi Louis le Bien-Aimé étaient filles de notre cousin Louis de Mailly, Marquis de Nesle, et d’Armande-Félicité de la Porte de la Meilleraye, sœur du Duc de Mazarin.
    (Note de l’Auteur.)