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Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/18

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SOUVENIRS

des croisades, c’est-à-dire qu’il datait de plusieurs siècles avant la coutume d’ériger des terres titrées, ce qui faisait que plusieurs de ces familles n’étaient restées en possession d’aucune autre qualification nobiliaire que celles de Chevalier et de Haut et Puissant Seigneur. Pour le bon air et la décoration de la cour de France, il fut trouvé convenable de permettre à tous les nobles qui pourraient fournir les preuves de 1399 de prendre et porter un titre féodal, tel que Marquis, Comte, Vicomte ou Baron, c’est-à-dire un titre quelconque, à la réserve de celui de Duc et de celui de Prince, que le Roi s’était réservé de conférer exclusivement ou d’approuver. Il en fut ainsi dans l’état militaire, et le Roi faisait toujours donner un titre à l’officier supérieur de ses armées auquel il accordait le grade de Colonel. On s’informait quelquefois de celui qu’il désirait porter avant d’en faire signer le brevet par S. M. Mais il est à considérer que ces sortes de qualifications purement personnelles ne donnaient aucune sorte de privilége ni de supériorité sur les autres nobles, soit dans les assemblées de la noblesse ou dans celles des états provinciaux ; les parlemens ne les admettaient jamais dans les procès, parce qu’ils ne les avaient ni vérifiées ni enregistrées, et les possesseurs de domaines titrés n’en restaient pas moins, à l’égard de ces Marquis ou Comtes à brevet, dans la pleine et paisible possession du rang et de la prééminence qui leur appartenaient en vertu des lettres-patentes enregistrées dans la cour souveraine de la province où se trouvait leur terre qualifiée.