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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

inexplicables et d’une étrange préoccupation de l’esprit : il est à noter que le Docteur Romati n’a jamais varié sur aucuns détails de la même histoire et qu’il en a toujours parlé avec le même air et du même ton de résignation douloureuse, depuis qu’il est fixé à Naples. Voici donc le récit du Docteur, tel qu’il me l’a fait un jour au palais Spinelli, en présence de Don Mario Caraffa de Moliterno et de la Princesse de Belmonte-Pignatelli, née Spinelli, et sœur du Duc de ce nom ; ce que ces deux illustres personnes ne manqueraient certainement pas d’attester au besoin[1].

« Vous savez, nous dit-il, que je m’appelle Giulio Romati, et peut-être ne serez-vous pas fâché d’en savoir un peu plus long sur ma famille. Le signor Don Marco Romati della Romata, mon père, était sans contredit le plus célèbre jurisconsulte de Palerme et par conséquent de toute la Sicile. Il était fort attaché, comme vous pouvez croire, à une profession qui lui procurait un grand profit avec une existence honorable ; mais il n’en aimait pas moins l’étude de la philosophie à laquelle il consacrait tous les momens qu’il pouvait dérober à ses occupations judiciaires et ses écrits contentieux.

« Je puis dire sans me vanter, que j’ai marché sur

  1. La Princesse douairière de Belmonté, qui vivait encore en 1815, nous a confirmé cette citation de Cagliostro qui se faisait nommer alors le Comte de Mélissa.
    (Note de l’Éditeur.)