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SOUVENIRS

posée de trois châtellenies incorporées ensemble, et, pour en ériger suivant l’ordonnance, il est indispensable encore aujourd’hui qu’il s’y trouve au moins trois clochers, autrement dit seigneuries paroissiales, et qu’elles soient aussi d’une seule tenue. Ceci n’est pas toujours praticable, à moins de s’y prendre long-temps à l’avance, et quelquefois cinq ou six générations durant. Il en est ainsi pour l’érection d’une simple seigneurie de paroisse en châtellenie ; il faut d’abord qu’elle domine au moins deux autres seigneuries vassales ; ensuite il faut qu’elle soit pourvue de la haute justice avec certains droits utiles, honorifiques et de prééminence ; enfin, il est indispensablement nécessaire d’y réunir les deux clochers les plus voisins, ce qu’il est souvent impossible d’obtenir à prix d’argent. Vous voyez donc bien que pour créer de véritables Marquis, ou des Comtes et des Barons français, il faut encore autre chose que la faveur et la volonté du Roi, c’est-à-dire qu’il faut du temps, de la persévérance, une grande étendue de domaine seigneurial, et par conséquent un grand patronage établi sur une grande fortune territoriale[1].

  1. Il faut ajouter ici que les terres qualifiées deviennent inaliénables et substituées en vertu de leur érection. Ainsi les acquéreurs d’une terre titrée ne deviennent jamais Marquis, Comtes ou Vicomtes de telle seigneurie érigée en titre pour une autre famille que la leur ; ils sont tout simplement Seigneurs de l’ancien Marquisat, Comté ou Vicomté dont ils deviennent propriétaires, l’extinction de la race entraînant toujours celle du titre, à moins de confirmation royale et de nouvelles lettres patentes.
    (Note de l’Auteur.)