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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

de cette demeure était devenu le séjour de Satan, où les malins esprits osent obséder par de lamentables fascinations, non-seulement les voyageurs étrangers qui visitent les restes dudit palais, mais encore les fidèles chrétiens, habitans dudit lieu de Monte-Salerno, Nous, Alexandre VI, Serviteur des Serviteurs de Dieu, etc., déclarons autorisez la fondation d’un prieuré dans l’enceinte de ces mêmes ruines, ayant accordé la présente à Rome, en notre château pontifical de Saint-Ange, et l’ayant fait sceller de l’anneau du Pêcheur… » Je ne me souviens plus du reste de la bulle.

« Le Supérieur m’apprit que les obsessions étaient devenues moins fréquentes, mais il me dit qu’elles se renouvelaient assez ordinairement dans la nuit du jeudi au vendredi saint. Il me conseilla de faire dire une messe pro defunctis et d’y assister avec recueillement ; je suivis son conseil, et je partis bientôt pour continuer mon voyage. Je n’ai jamais eu peur ni des revenans ni des squelettes : je ne suis plus en butte à leurs mystifications, mais tout ce que j’ai vu et éprouvé pendant cette nuit de Monte-Salerno m’a laissé je ne sais quelle inquiétude et quelle impression de contrariété qui ne saurait s’effacer. En disant ceci, Romati releva sa manche et nous fit voir son bras, où l’on distinguait effectivement la forme des doigts de la Princesse avec des marques de brûlure.

« L’histoire de Giulio Romati avait fait la plus vive impression sur moi. Lorsque nous fûmes cou-