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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

de le penser. Cette dénégation de M. de Nesle était un acte de méchanceté follement ridicule, en ce qu’il ne pouvait avoir la prétention de contrôler ni démentir tous les actes souscrits par ses grands parens défunts, comme aussi tous les documens chartriers du Comte de Mailly d’Haucourt, par qui l’origine de sa branche était aussi visiblement constatée que l’existence et la clarté du soleil. Mais à cause de son caractère épineux et de sa position favorisée, ce dernier ne pouvait manquer d’avoir des ennemis et des envieux : il se trouva des personnes qui se réunirent à M. de Nesle ; il en résulta des discussions, des dissensions, des propos, des disputes, et la mêlée devint générale. Il y avait dans le régiment de mon fils un sous-lieutenant qui s’était battu contre un de ses camarades à propos du Marquis de Nesle, et quand mon fils lui demanda de quoi il se mêlait, il se trouva que ce jeune officier avait pensé qu’il était question de ce Comte de Nassau qui prend le titre de Prince d’Orange, et à qui sa famille (protestante) avait eu des obligations. Votre père lui savonna rudement la tête en disant qu’il mériterait de ne pas rester au service du Roi, pour lui apprendre à se présenter en manière de champion pour un Stathouder hollandais.

Comme épisode, et pendant que je tiens ces vilains Nassau par leurs cheveux roux, je vous dirai que la principauté d’Orange en Provence (héritage de l’ancienne maison de Baux, qui tomba de lance en quenouille et qui a fini dans la maison de Châlons) avait été réclamée par la branche hollandaise des Comtes de Nassau vers la fin du xvime siècle.