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SOUVENIRS

tionnaire de Bayle, et les deux colonnes à la suite sans avoir égard à cette barre qui divise les pages, d’où venait qu’il y rencontrait des obscurités impénétrables. Mais ceci ne l’empêchait pas de recommencer la même lecture aussitôt qu’il avait achevé le dernier volume ; il observait seulement que ce livre philosophique était rempli de choses incompréhensibles, avec des répétitions à n’en pas finir. Il avait vu dans la gazette que le Roi de Prusse avait pris perruque, en Moravie. — Il n’y a pas, disait-il, une seule carte de ces pays-là qui vaille, et Perruque ne s’y trouve marqué dans aucun endroit. — Suivez-y le cours des rivières et cherchez sur la Nuque, lui dit Mme de Tencin ; ce qui me fait souvenir qu’à l’occasion du retour de M. de la Fayette et de son ordre américain de Cincinnatus, l’Abbé d’Espagnac avait demandé : — Quel est donc ce saint-là ? Votre père lui répondit que c’était un Bienheureux de la même légende et du même calendrier que Ceinturon.

M. Geoffrin vint annoncer un jour à Mme Geoffrin qu’on avait surpris le grand bassin des Tuileries dans le lit de la rivière. — Attendez donc, lui répondit-elle, je vois ce qu’on a voulu vous dire, et ce sera sans doute une allusion malicieuse à ce capucin qui vient de se noyer en traversant le jardin des Tuileries par le brouillard. Il avait marché sur sa robe et s’était fendu la tête en tombant sur le rebord de ce grand bassin, de sorte qu’il s’est noyé sans se douter de rien, comme il aurait fait dans son crachat, le pauvre bonhomme ; et ce qu’il y a de curieux, c’est qu’il arrivait de faire le tour du monde