en qualité de Missionnaire et d’Aumônier d’un Amiral espagnol. Elle avait des explications pareilles à donner sur toutes choses, ce qui faisait dire à M. de la Ferté-Imbault qu’elle avait réponse à tout, hormis à qui va là ? En lisant un jour une gazette, ou les premières lignes des trois colonnes de je ne sais quel dictionnaire, M. Geoffrin découvrit que la sœur de Madame la Dauphine avait un prénom ridicule ; et quand on le fit s’en expliquer, il se trouva qu’au lieu d’Albertine, il avait lu Libertine. C’était, du reste, un très bon homme ; il était patient, infatigable ; il vivait de peu ; j’avais dit de M. Geoffrin qu’il avait toutes les vertus de l’âne[1].
Je ne vous ai rien dit non plus de Madame du Boccage, auteur de la Colombiade, et non plus de notre ami, le Comte de Turpin, traducteur des Commentaires de César. Commençons par le Comte, et puis je vous dirai quelques mots sur notre bergère Doricléa : c’est le nom sous lequel Mme du Boccage avait été reçue à l’Académie des Arcades de Rome.
Le Cte de Turpin de Crissé, lieutenant général, et connu sous le nom du beau Turpin[2], était un
- ↑ Mme Geoffrin vient d’aller à Varsovie pour y faire une visite à ce roi Poniatowski à qui jadis elle avait prêté quelques milliers de francs pour l’empêcher de rester en prison. Quelle élection dérisoire et quelle promotion scandaleuse ! Une créature de la Czarine Catherine d’Anhalt, un protégé de Mme Geoffrin née Rodet ! Triste couronne des vieux Jagellons et malheureuse Pologne ! (Note de l’Auteur.)
- ↑ Lancelot Turpin des Sires de Crissé, Comte de Janzey, Vicomte et Baron d’Ingrande, Esgligny, Nonancourt et autres lieux, inspecteur général des hussards et Mestre de camp du