Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
SOUVENIRS

avais promis d’aller présider) allait être retardé de quinze jours à trois semaines parce que la Rosière avait été saisie de la fièvre-tierce. Il me demandait si je ne voudrais pas lui faire envoyer du quinquina de la meilleure qualité.

Comme je ne savais ce que c’était que ce couronnement de la Rosière, et que je n’avais rien promis à M. de Morfontaine, je fis porter cette lettre à ma belle-fille qui n’avait jamais rien dit ni rien écrit à aucun intendant de Soissons, et qui n’avait jamais ouï parler, non plus que moi, de la Rosière de Salency. Ce magistrat passait pour un personnage extraordinaire ; mon fils ne douta pas que sa mémoire ou sa judiciaire ne fussent tout à fait détraquées, et c’était ce qu’on avait déjà ouï dire assez souvent. Quoi qu’il en fût, et comme l’adresse de sa lettre portait le titre de Comtesse au lieu du nôtre, j’imaginai que ceci pouvait résulter de quelque méprise de secrétariat, et je demandai que personne ne répondît à M. l’Intendant de la généralité de Soissons, avec qui je me réservai de nous en expliquer honnêtement.[1]}}.

  1. Louis Le Pelletier de Morfontaine, Chevalier, Seigneur du marquisat de Prailly et maître des requêtes de l’hôtel du Roi. Il a épousé la fille de M. Bernard du Clusel, sieur de la Chabrerie, l’un des fermiers généraux de S. M. C’est assurément la plus belle dame avec les plus grands airs du monde. Elle n’oserait descendre un escalier sans être assistée, crainte de tomber, par deux laquais en grande livrée. — Mais voyez donc ce que peuvent y faire des habits à galons chevronnés, disait Mme de Rosambo, sa belle sœur (Anne de Coskaër, fille de qualité de Basse-Bretagne). — Elle est dans le genre de {{M.|son