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CHAPITRE III.


Voltaire. — Origine de sa fortune. — Son envie d’être Marquis de Ferney. — Lettre de Voltaire à Mme de Créquy. — Réponse de l’auteur. — Placet de Voltaire afin d’obtenir le cordon noir ou la croix de Saint-Lazare. — Le jeune Duc du Châtelet. — Visite à Ferney. — Lettre du Marquis de Créquy à sa mère. — Mme de Blot à Ferney. — Anecdotes contées par Voltaire et rapportées par M. de Créquy. — Provocation philosophiques à des Genevoises.

Les personnes qui ont écrit la philosophique histoire de M. de Voltaire ont négligé de recueillir ou n’ont pas voulu publier certains détails de sa vie privée, dans lesquels je vais entrer pour suppléer à leur insuffisance ou leur silence obligeant. Je ne le suivrai pas dans toutes ses agitations en France et ses migrations à l’étranger ; on a tout dit sur ses voyages à la cour de Nancy, en Angleterre, et auprès de ce Roi de Prusse auquel il a prodigué tant de flatteries et tant d’insultes, suivant les temps ; mais j’ai su par MM. de Richelieu,  de Breteuil et du Châtelet certaines choses que personne ne savait ou n’a voulu dire, et les voici.

Voltaire avait eu de la succession de son père environ dix-huit mille livres de rente, savoir : deux mille écus par deux maisons rue Saint-Antoine, et le reste en obligations sur la ville et sur le clergé. Jusqu’à ce qu’il fût devenu riche, il avait prodigieu-