l’idole des plus aimables femmes de son temps, et voilà qu’elle se met à nous chanter à mi-voix :
« Si j’avais la vivacité
« Qui fait briller Coulanges,
« Si je possédais la beauté
« Qui fait régner Fontanges,
« Ou si j’étais, comme Conty,
« Des Grâces le modèle,
« Tout cela serait pour Créquy,
« Dût-il m’être infidèle[1] !
— Il y a, poursuivit-elle, dans cette déclaration d’une femme (elle ignorait que ces vers étaient de l’Abbé de Choisy), il y a dans cette déclaration d’une femme une sorte de dévouement généreux et d’abnégation passionnée qui fait tressaillir et qui me fait venir les larmes aux yeux ! C’est un madrigal adorable, c’est le plus parfait modèle de cette sorte de poésie, c’est l’archétype du genre ! Mais je trouve qu’il est encore à cent piques au-dessous de la charmante épigramme contre Ninon ! Ah ! quelle ironie délicate et délicieuse ! Ne pensez-vous pas que ce soit le chef-d’œuvre des épigrammes[2] ? Et ne pensez-
- ↑ François, IVe du nom, Duc de Créquy, de Lesdiguières, de Retz, etc. Il était mort en 1704 à l’âge de 23 ans. Voy. vol. Ier, Chap. XI. (Note de l’Éditeur.)
- ↑
« Tu vis un Duc dans Lesdiguières,
« Il était beau comme le jour !
« Moi, je n’avais que mon amour…
« Encore, je n’en avais guères. »Je crois que l’auteur de cette épigramme est Pélisson, et du