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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/153

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tes ses intrigues pour le vol du fameux collier, et qui recueillit plus de vingt mille écus de la crédulité de ces deux ministres. On verra que, s’il n’en fut pas fait mention dans le procès du collier, ce fut par excès d’égard et de complaisance pour ces bons messieurs.

M. le Duc d’Orléans venait de mystifier M. Quatremère (au Palais-Royal), en l’y faisant recevoir Chevalier du Bain par un Duc de Cumberland qui n’était autre chose que M. Goys. Ceci manqua devenir très sérieux, parce qu’on avait fait prendre un bain froid à ce vieux académicien, ce qui lui fit avoir une fluxion de poitrine au mois de décembre, Toute la ville était révoltée d’une pareille marque d’inconsidération pour une personne et pour une famille aussi notables dans la plus ancienne et la plus haute bourgeoisie de Paris ! M. de Maurepas ne sut trouver nulle autre chose à faire que d’envoyer à ce pauvre mystifié le cordon noir de M. de Buffon qui venait de mourir, et ce fut en y joignant des paroles extrêmement aimables de la part du Roi, avec prière d’excuser son cousin d Orléans et ses familiers, pour la légèreté de leur conduite. C’était l’inhumanité, l’indignité qu’il fallait dire ! On ne saurait excuser l’insolent dévergondage et la barbarie de ces dissolus à l’égard d’un vénérable homme à qui son âge avancé ne laissait plus ses facultés de jugement et de présence d’esprit.

À propos de cette maladie des mystifications, qui avait tous les caractères d’une épidémie, je vous dirai que l’Abbé d’Espagnac (celui qui s’était révolté contre M. de Meillan) avait fait un traité sur la force