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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

à parler en anglais mêlé d’un certain dialecte écossais, que M. le Duc d’Orléans comprenait aisément, comme vous pouvez croire, et dont M. de Boisgelin, qui savait tout, fut chargé de faire la traduction pour le reste de la société.

— « Milord désire savoir si Monsieur l’Abbé d’Espagnac est de la même famille que Madame la Baronne d’Espagnac qui se trouvait à Strasbourg pendant l’hiver de l’année 1744 à 1745. »

— Mais c’était ma mère, ma propre mère !…

— « Milord oserait-il se flatter, peut-il espérer que Madame d’Espagnac aura bien voulu parler à Monsieur son fils d’un gentilhomme anglais qui s’appelait alors Sir Arthur Scott ?… »

— Ah ! Je ne saurais… Mais effectivement, je crois me souvenir… Mais oui, oui vraiment ! maman m’a parlé de Milord Artusco ; je me rappelle très bien ce nom-là, el même elle m’a toujours parlé de Milord Artusco dans les termes les plus… Enfin je me souviens très bien qu’elle m’a parlé très souvent de Milord Artusco…

— « Milord-Duc d’Hamillon, autrefois Sir Artliur Scott, demande à savoir, au sujet de Monsieur l’Abbé d’Espagnac, une chose de la plus haute importance ! il espère, il conjure, il supplie Monsieur l’Abbé de vouloir bien répondre avec franchise, en conscience, ingénuement et loyalement à cette question-ci, — quel âge avez-vous ? »

— J’ai quarante-quatre ans…, répondit M. d’Espagnac avec une émotion toujours croissante, en appuyant la main sur son noble cœur afin d’en comprimer les palpitations, et en fixant deux yeux