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SOUVENIRS

des danseurs et des danseuses n’y dépend que de ma volonté. Je ne veux rien changer à ce qui s’y pratique habituellement ; mais, si je voulais marquer quelque distinction sans conséquence à Mademoiselle de Lorraine à l’occasion du mariage de mon petit-fils avec une autre Princesse de Lorraine, Archiduchesse d’Autriche, il me semble que personne ne saurait en être blessé ni surpris. Je compte sur la soumission de la noblesse de mon royaume, et surtout dans une circonstance où je désire, où je compte fêter une alliance qui fera, j’espère, et n’en doutons pas, le bonheur de ma famille et la félicité de vos enfans[1]. »


Cette réponse du Roi ne satisfit aucunement la majorité des réclamans, qui complotèrent de ne pas aller au bal de la cour. La plupart d’entre eux n’étaient pas d’étoffe à s’y trouver invités ; mais ils ne s’en donnèrent pas moins la belle apparence du refus. La princesse Charlotte dansa son menuet immédiatement après LL. AA. SS., et le Marquis de Villette en fut profondément courroucé. Voilà tout ce qui résulta de la susceptibilité de ces gentilshommes et de leur insurrection contre la croix de Lorraine.

Je me rappelle que M. de Lafayette était dans les plus irrités, et qu’il vint m’entreprendre et m’attaquer un jour, à l’hôtel de Tessé, sur la tiédeur que je paraissais mettre à cette grande affaire. — Me prenez-vous pour une grue ? lui dis-je. Apprenez que si j’avais des réclamations à faire signer à mon

  1. À l’Évêque de Noyon ; et cela parut une épigramme contre le choix d’un mandataire ecclésiastique.