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SOUVENIRS

sa méchante invention. Il en prit la fièvre de colère, à ce que nous dit le Baron.

M. de Moncrif devait avoir au moins cent ans quand il est mort, en 1770. Son père avait été Doyen des Conseillers à la Cour des Monnayes, et sa mère était la nièce du fameux La Calprenède. M. de Maurepas disait toujours à propos de l’âge de Moncrif, dont celui-ci ne parlait jamais, que Moncrif avait appris le manége et l’escrime en même temps que M. de Pontchartrain, qui était le père de M. de Maurepas, et qui était Secrétaire d’état sous Louis XIV, en 1695.

Un littérateur angevin, nommé le sieur de la Place, avait fait, à l’occasion de la mort de ce bon Moncrif, un quatrain dont j’ai pris note et que je vais copier avec plaisir :

 
« Réalisant les mœurs de l’âge d’or,
« Ami sûr, auteur agréable,
« Ci-gît qui, vieux comme Nestor,
« Fut moins bavard et plus aimable. »


Il me reste à vous parler de l’auteur de Tanzaï, d’Alcibiade et du Sopha, Prosper Joliot, sieur de Crébillon, lequel était frère aîné de la sauvage Electre et de Rhadamiste et Zénobie, qui sont bien assurément les trois personnages les plus sombrement farouches et les plus rudement ineuphoniques de notre scène tragique.

Lorsque vous aurez lu quelques-unes de ses productions, œuvres de licence et d’impertinence, vous ne manquerez certainement pas de vous représenter