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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/144

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SOUVENIRS

cinquante personnes, au nombre desquelles il se trouvait apparemment des amis ou des obligés du Chevalier Acton, que le père de ce favori de la Reine de Naples, avait été valet-de-chambre du sien, et que lui-même avait été rasé deux ou trois fois par ce domestique irlandais[1]. Il faut vous dire que mon fils s’était trompé de personnage, en ce qu’il avait pris un oncle de ce Ministre pour le père de Son Excellence, en quoi qu’il en fût, on lui signifia la défense d’entrer dans le royaume de Naples, ainsi que dans les villas romaines qui appartenaient à cette couronne. Voilà qui fit un bruit terrible, et qui mécontenta le Cardinal de Bernis, au point de le décider à m’en écrire en m’envoyant une copie de sa dépêche officielle, afin que j’en allasse parler directement au Roi, à Monsieur (parce que mon fils était Premier Maître de l’hôtel de Madame), au Ministre des affaires étrangères, à l’Ambassadeur de Naples ; enfin, si j’en avais cru M. de Bernis, je serais allée conjurer toutes les puissances du ciel et de la terre, afin d’obtenir vengeance et réparation d’une pareilles énormité.

Je répondis au Cardinal de Bernis que, lorsque le Duc de Créquy avait été insulté dans les rues de Rome, on ne fut pas s’adresser à sa mère, la Princesse de Poix, mais à son cousin, le fils aîné de l’Église, auquel il avait l’honneur d’appartenir tout autrement qu’à raison du protocole usité pour les

  1. Antoine Acton, premier Ministre de LL. MM. Siciliennes, né à Besançon en 1737, mort à Pancerate en 1808.
    (Note de l’Éditeur.)