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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Celui-ci voulut prendre la parole, et le Marquis le fit taire en lui disant : — Je parle de vous, mais je ne vous parle pas, laissez répondre votre maître, et tâchez d’en obtenir quelque chose de plus significatif.

M. de la Touche voulut poursuivre, et mon fils laissa tomber de ce côté-là d’étranges paroles. — Monsieur ! Monsieur le Comte de la Touche-Tréville ! répondez d’abord à cette question-ci ; répondez-moi pour votre compte, avant de parler pour votre prince : est-ce que vous êtes Gentilhomme ?[1]

On se précipita pour les séparer, mais le Duc de Chartres avait disparu prudemment. Votre père assembla tous ses amis, et chacun fut d’avis qu’il devait se tenir tranquille en attendant Mgr le Duc de Chartres et son chancelier qui devait dire le reste.

Le surlendemain, lettre de ce M. de la Touche, avec proposition de se rencontrer au bois de Vincennes, et réponse de mon fils pour demander si M. le Duc de Chartres ne lui ferait pas l’honneur de s’y trouver ; il ajouta qu’il ne voudrait accorder satisfaction aux officiers de ce Prince, qu’après l’avoir reçue de S. A. S. Et puis des phrases de hauteur amère ; il y aurait beaucoup moins de distance

  1. Sarcasme d’autant plus insolite que le Comte de la Touche avait dû faire ses preuves avant d’être reçu dans la marine royale, et qu’il était déjà chevalier de St.-Louis. — Son caractère n’était peut-être pas des plus estimables, mais la noblesse de sa naissance était tellement incontestable que le Roi Louis XVI n’avait pu lui refuser son aveu pour exercer la charge de Chancelier de la maison d’Orléans.
    (Note de l’Éditeur.)