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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/146

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SOUVENIRS

ceci n’empêcha pas que ce ne fût un triste voyage, dont vous allez voir que les suites ne furent pas sans inconvénient pour la tranquillité de ma belle-fille et pour la mienne.

M. le Duc de Chartres, environ trois semaines après le retour de votre père, s’était avisé de raconter cette belle histoire de Rome, en ayant la bonté d’ajouter que le chevalier Acton était de ses meilleurs amis : c’était dans un souper à Mousseaux et devant douze ou quinze personnes. Il paraît que cet honorable prince avait appliqué sur mon fils je ne sais quelle expression dont il n’était pas en droit de se servir, et votre père se mit à le poursuivre à dessein d’en obtenir réparation.

On vint me raconter qu’il s’était approché de M. le Duc de Chartres, au milieu de la grande allée des Tuileries, en lui disant : — Monseigneur, si j’avais eu des excuses à vous demander pour avoir parlé, comme je l’ai fait, d’un de vos amis (lequel est fils ou neveu d’un ancien domestique de mon père), j’en aurais été empêché par égard pour vos autres amis, qui sont presque tous de même étoffe que celui-là. Qui se ressemble s’assemble!… Et le voilà qui se tient ferme en attendant la réplique.

— Mais, Monsieur, lui répondit le Duc de Chartres en balbutiant, je ne sais ce que vous voulez dire… je ne sais pas ce que vous voulez dire… je ne sais pas du tout ce que vous voulez dire ! et voilà tout ce qu’il fut possible d’en tirer pour cette fois-là.

Monseigneur, on dirait que vous être encore embarqué sur le St.-Esprit ; ne vous effrayez donc pas, vous êtes à côté de M. de la Touche