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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/184

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SOUVENIRS

M. le Garde des Sceaux. — Monsieur, si j’ai supprimé votre Mémoire, c’est en vertu de la loi, et je crois que, par ce seul mot, notre conversation doit être finie, etc.

On supprima ce Mémoire, et le gouvernement n’osa pas sévir contre son auteur. Les Necker avaient pris M. de Mirabeau sous leur protection et la faiblesse de M. de Maurepas favorisait tellement toute sorte d’imprudence, que le Chevalier d’Eon vint s’en mêler. Il était permis de s’en étonner après la lâcheté de sa condescendance pour les volontés du Duc d’Aiguillon, qui lui avait imposé t’obligation de porter des habits de femme, mais la monarchie s’en allait tous les jours en fléchissant et diminuant d’autorité depuis la mort de Louis XV ; la bénignité du gouvernement encourageait la raideur insolente ; il n’y avait pas de chiffon qui n’eût mis de l’empois ; écoutez la curieuse épître de cette demoiselle à M. de Maurepas, Premier Ministre.

« Monseigneur,
Je désirerais ne pas interrompre un instant les momens précieux que vous consacrez au bonheur et à la gloire de la France ; mais animé du désir d’y contribuer moi-même dans ma faible position, je suis forcé de vous représenter très humblement et très fortement que le temps de mon noviciat femelle étant entièrement révolu, il m’est impossible de passer à la profession. La dépense est trop forte pour moi et mon revenu est trop mince. Dans cet état, je ne puis être utile ni au service