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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

niers d’eau de réglisse et des estropiés qui mendiaient. Ce qu’il en résulta, c’est que M. l’Archevêque de Paris signifia par ordonnance Épiscopale à toutes les grandes dames et tous les faubourgeois de cette ville, qu’ils eussent à chanter leur office de Ténèbres ailleurs qu’à St.-Maur-des-Fossés, attendu que les portes y seraient dorénavant closes et gardées par un piquet de Gardes-Françaises ; et voilà qui fut un grand soulagement pour les religieux de St.-Maur qui se consumaient dans les alarmes et la désolation gémissante.

Vous pouvez bien imaginer que cette mesure avait obtenu l’approbation de toutes les personnes véritablement religieuses, mais il se trouva certaines dévotes que nous appelions des pélerines à festons, et qui se mirent à parler contre M. l’Archevêque avec autant de fâcherie que s’il avait mis toutes les églises de son diocèse en interdiction complète, et même en démolition. Il avait été question d’en appeler comme d’abus, et le Roi s’en divertissait journellement. Il y a toujours de bonnes âmes qui n’aiment point à méditer chez elles et qui n’usent jamais le velours de leur prie-Dieu : elles vous diront que leur église paroissial est humide, ou que leur chapelle est trop loin du sanctuaire, ou bien que l’encens qu’on brûle à l’autel est de si mauvaise qualité qu’elles en ont des migraines, ou bien aussi que tous les habitués de leur paroisse ont continuellement des torticolis parce que les portes de l’église ne se ferment pas assez bien. Les voyages à St.-Maur étaient pour les unes une occasion de promenade innocente, et pour les autres une partie de