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SOUVENIRS

et la dignité d’un Prince et d’un Évêque outragé, l’impitoyable coup dont elle est frappée ; mais elle en souffre sans accablement, parce que sa conscience ne lui reproche rien. La santé de M. le Cardinal se soutient dans sa prison, dont les rigueurs sont modérées, et son âme est en paix.

« Le Roi, sur l’avis de son conseil, vient de renvoyer l’affaire au Parlement. On vient de m’écrire que les lettres patentes de ce renvoi étaient déjà enregistrées. Le procès d’un simple clerc ne saurait être instruit que par les juges ecclésiastiques ; un Évêque, et je ne dirai pas seulement un Évêque Souverain, mais un Prince de l’Église, un Cardinal, aurait-il moins d’immunités ? L’histoire de France offre sept exemples de Cardinaux accusés par nos Rois ; aucun n’a pu être jugé en sa parsonne, et le Chancelier d’Aguesseau, lui-même, est obligé de convenir que sur douze exemples de procès intentés à des Évêques français il y en a onze en faveur des immunités de l’Église Gallicane.

« En 1634, le procès du Cardinal de Retz fut envoyé au Parlement par lettres patentes qui paraissent avoir servi de modèle à celles-ci, mais