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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

compenser les actes les plus admirables, et ceux-ci consistèrent dans la prodigieuse vertu d’avoir assisté des pauvres et soigné des malades ; vous pensez bien que ce ne furent pas les bonnes sœurs hospitalières et les Dames de charité qui vinrent se présenter à l’Académie pour y recevoir des récompenses et des médailles à l’effigie de M. de Monthion ?

— Puisque des Académiciens qui sont institués pour avoir à s’occuper de la propriété des locutions et de l’emploi des métaphores, vont avoir à décider quel est l’homme le plus vertueux, quel est le livre le plus utile et quelle est la meilleure action qui ait eu lieu dans le cours de l’année, dans la classe inférieure et dans la banlieue de Paris (car ce sont les trois conditions du programme de M. de Monthion) ; je voudrais bien, disait M. de Nivernais, que MM. les Curés de Paris, jaloux de voir empiéter sur les attributions qu’on aurait cru de leur ressort plutôt que du nôtre (car nous ne sommes que des littérateurs et des grammairiens ou des grands-seigneurs, soit dit sans offenser personne), je voudrais bien que les curés de Paris fondassent un prix qui serait décerné par eux à l’auteur de la meilleure idylle, ou du plus beau dithyrambe qui paraîtrait tous les ans dans le diocèse de Paris. — Monsieur, disait-il à ce pauvre Monthion dont tout le monde se moquait, je vous conseille de nous faire examiner quel a été le sentiment le plus délicat et la meilleure pensée de la Dlle Chinery qui vole des endans pour leur apprendre à danser sur la corde ; elle est de la classe inférieure, et si vous l’oubliez dans vos distributions, on aura lieu de s’en étonner.