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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

précautions, car cette même galerie était séparée de la chambre à coucher par cinq ou six grandes pièces, et notamment par la salle à manger où l’on trouvait toujours des gens qui réfectionnaient soit au buffet, soit sur de petites tables, en cotterie si ce n’est en famille, et le plus silencieusement possible. On ne s’y parlait qu’à voix basse et jamais sans nécessité, c’était l’étiquette convenue ; et durant les repas généraux, il y avait une demoiselle de compagnie de Mme de Tessé qui venait faire la lecture de quelque livre moral et attendrissant : c’était, je crois bien, les délassements de l’homme sensible ou les Épreuves du sentiment de M. d’Arnaud-Baculard ? Enfin les plus considérables ou les plus favorisées jouaient au loto dans la chambre de la malade, et les choses en étaient là pendant notre vicite au château de Luciennes.

Mme de Castellane ne manqua pas de me demander si je n’allais pas souvent chez Mme de Mauconseil ? — On y va de chez moi, répondis-je ; environ tous les huit jours. Je ne la connais guère, et j’ai déjà pris mon parti sur tout ce qui peut résulter de sa maladie.

Grande surprise ? et voilà que Mme de Lévis se met à dire à M. de Laval : — Et, vous, Marquis, vos partenaires habituels ?

— Pas du tout. Quand je fais tant que d’aller chez des malades, ce n’est pas pour y jouer aux cartes et pour y manger des foies de lottes. Rien que de voir passez l’apothicaire ou le chirurgien ce serait dans le cas de me faire faire rendre gorge ou de me faire gorger un Quinola !