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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

délivra vingt-cinq prisonniers qui devaient des mois de nourrice, et c’était ce qu’on pouvait faire de mieux ; enfin, on célébra la guérison de la vieille Marquise et le parfait bonheur de la Princesse sa fille, par une espèce de comédie champêtre, où Dugazon et Michut dansèrent des rondes en sabots et chantèrent des hymnes en patois[1] Tout le monde en pleurait ! et lorsqu’elle mourut six mois après, on n’y prit pas garde. Il paraît qu’elle avait cessé d’être à la mode, et l’on n’apprit le retour de sa maladie qu’en recevant son billet d’enterrement.

Retournons au fils du chirurgien Maréchal, qu’on avait fini par appeler sérieusement M. de Bièvres et qu’on avait fini par adopter dans le monde, en dépit de Mme  de Montesson et de Mme  Necker dont il se moquait à la journée, et peut-être aussi pour faire déplaisir à M. le Duc de Chartres qui ne le pouvait pas souffrir[2].

Quand on avait eu le malheur d’encourir la disgrâce d’un Prince du sang royal, il était d’usage et de précepte rigoureux, dans ce temps-là, qu’il ne fallait jamais rester dans une chambre, dans un cercle, ni même dans une compagnie si nombreuse qu’elle

  1. Voyez les détails qui se trouvent rapportés dans la Correspondance de Grimm, vol. III, pages 112 et suivantes. (Note de l’Éditeur.)
  2. Je vous ai déjà fait remarquer autre part que M. de Bièvres n’avait jamais pris volontairement et sérieusement la qualification de Marquis. Il était devenu seigneur de ce Marquisat ainsi que feu M. Gobelin l’avait été du Marquisat de Brinvilliers. Les petites gens pouvaient s’y tromper dam la rue, mais ceci n’arrivait jamais jusqu’à nos antichambres.