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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/250

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SOUVENIRS

fût, où l’on voyait arriver un pareil antagoniste. On s’esquivait poliment en le voyant paraître ; c’était une affaire de convenance ; mais voilà ce que M. de Bièvres ne faisait jamais pour le Duc de Chartres, et personne ne l’en désapprouvait. On avait commencé par se libérer de cette sorte d’obligation envers M. le Prince de Conty, parce qu’il se forgeait continuellement des sujets de brouillerie avec tout le monde. Étiez-vous en procès avec la chancellerie de ce Prince, ou vous étiez-vous moqué de Mme la Comtesse de Boufflers ? le Comte de Boulainvilliers venait vous faire une salutation profonde, en vous disant : — Monsieur le Marquis, ou Monsieur l’Abbé, j’ai l’honneur de vous prévenir que Son Altesse Sérénissime est ici[1]. C’était la formule d’exclusion suivant le protocole usité par ce Capitaine des gardes, et ce fut M. de Craon qui s’en affranchit le primer. Il s’était rencontré avec M. le Prince de Conty chez deux personnes dans la même soirée. Il répondit au premier avertissement qu’il en était bien aise, et il déguerpit, mais pour éviter la deuxième sommation de M. de Boulainvilliers, il alla lui dire avec un air affairé : — Monsieur, vous me feriez plaisir d’avertir votre Prince que je ne suis plus amoureux de la Vicom-

  1. Henri de Boulainvilliers, XVIe du nom, Comte de Saint-Sayre et de Hauroy-sur-Somme. Il ne faut pas le confondre avec M. Bernard de Boulainvilliers, prévost de Paris, dont la mère était l’héritière de la branche aînée de cette ancienne famille, et pour lequel on avait érigé la Châtelainie de Boulainvilliers en Vicomté.
    (Note de l’Auteur.)