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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

l’autorité séculière qui venait s’emparer du coupable, afin de le poursuivre au nom des lois civiles ; et si l’application des pénalités légales était par trop sévère, c’était, comme on voit, la faute du législateur et non pas celle de l’Inquisition, qui n’a jamais ni condamné ni pu condamner personne à mort, à moins de vouloir encourir la peine d’excommunication majeure, ipso facto, dans son président, ses assistans et leurs familiers, aux termes de la Décrétale Missus à Deo, qui a réglé cette matière.

Il est vrai que dans les angoisses et les sombres tourmens où l’on était sur les effets du calvinisme, le Roi Philippe II et son successeur avaient établi contre les hérésiarques, un Code de procédure infiniment rigoureux, avec des pénalités qu’on pourrait appeler cruelles ; mais c’étaient des lois civiles appliquées par des laïcs, et non pas des lois religieuses invoquées par des ecclésiastiques : il en est de l’Inquisition comme de l’exécution politique de la Saint-Barthélemy, où la religion n’a fourni qu’un prétexte ; et du reste, il est à remarquer qu’à l’époque où nos philosophes se sont mis à déclamer contre le Saint-Office et les inquisiteurs d’Espagne, il y avait déjà long-temps qu’on avait adouci la sévérité de ces lois castillanes ; on mettait les hérétiques et les écrivains sacriléges en prison, ce qui me paraît la moindre chose, mais vous pouvez être assuré que depuis de longues années on ne les brûlait plus.

Pablo Soarez-Olavidez était le fils d’un riche négociant péruvien, qui recevait des mauvais livres en contrebande et qui s’avisa d’envoyer son héritier auprès de son père (aïeul de Pablo), qui tenait à