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SOUVENIRS

les pays, de certains banquiers et négocians anglais, qui se donnaient les airs d’avoir des armoiries. Enfin, chacune de ces caisses avait son numéro général de série et son numéro d’ordre particulier ; elles venaient en Europe et retournaient aux Indes, ou s’en allaient en Orient, sans que personne eût jamais songé à les faire ouvrir pour en vérifier le contenu ; ce qui témoigne assez qu’on les recevait dans tous les pays du monde avec une confiance parfaite, et ce qui prouve aussi qu’elles devaient être assez connues par les négocians de Madrid.

« Cependant il arriva qu’un Vice-Roi du Mexique ayant à faire un remboursement à la maison Ferraz, y fit déposer quatre de nos caisses, et que le principal caissier les fit non-seulement ouvrir, mais qu’il en fit essayer l’argent…

« Lorsque la nouvelle de cet outrageant procédé parvint à la bourse de Cadix, mon père en ressentit la plus vive indignation ! À la vérité, par la poste suivante, il reçut une lettre d’Antonio Ferraz, fils de Ruiz, lequel alléguait, pour s’excuser, qu’il avait été mandé à Valladolid où se trouvait la cour, et qu’à son retour à Madrid, il avait sévèrement blâmé la conduite de son premier caissier, lequel, étant Français, ne connaissait pas encore les coutumes d’Espagne à l’égard de la maison Soarez et compagnie.

« Mon père ne se contenta pas de ces excuses, il rompit tout commerce avec les Ferraz, et en mourant, il me recommanda par-dessus toute