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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

chose de n’avoir avec eux aucunes relations de commerce.

« Pendant longues années, j’obéis à l’ordre de mon père et je m’en trouvai bien, mais par une circonstance imprévue, je me trouvai dans un rapport indirect avec les Ferraz et vous verrez ce qu’il en résulta.

« Quelques affaires m’avaient obligé d’aller à Barcelone où je fis connaissance avec un certain Livardez, négociant retiré des affaires et vivant de ses capitaux, qui du reste étaient considérables. Ce vieux homme avait dans le caractère quelque chose de rangé, d’exact et de préoccupé, qui convenait au mien. Notre liaison était déjà fortement armée lorsque j’appris que Livardez était l’oncle maternel de Sancho Ferraz, alors chef de cette maison. J’aurais dû la rompre, mais je ne le fis point, hélas ! et je crois devoir vous confesser que je n’en tins compte, en disant, à part moi, qu’il n’était pas de cette famille.

« Par un beau soir, en nous promenant sur le port de Barcelone, après avoir causé sur les chances à courir et les bénéfices à présumer dans les armemens pour les Antilles, Levardez me dit que, sachant avec quelle intelligence je faisais le commerce des Philippines, il y voulait mettre un million de piastres à titre de commandite.

« Je lui représentai qu’étant l’oncle des Ferraz, il devrait avoir eu l’idée de leur confier ses fonds plutôt qu’à moi.

« — Je ne me soucie pas, répondit-il, de faire