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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/80

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SOUVENIRS

teur inconnu, de fortifier son pénitent par le bon exemple, et de l’instruire attentivement sur tous les points de religion qu’il aurait ignorés ou pu méconnaître. Il enjoignait aussi de lui faire réciter ses prières quotidiennes avec une régularité scrupuleuse, et de lui faire lire le Guide des pécheurs du Révérend Père Luiz de Grenade. Il devait réciter à genoux, tous les dimanches, un credo ; voilà pour les prescriptions judiciaires, et voici pour le reste de sa punition.

Il fut déclaré déchu de ses priviléges de noblesse, incapable de posséder aucun emploi de la couronne ou charge publique, privé de son titre majoral et castillan de Comte Olavidez, ainsi que de la croix de l’ordre de Sant-Iago. Défense à lui d’user dorénavant et jusqu’à la fin de sa vie, quand il aurait fini ses huit années de clôture, d’aucun habit en soie, velours, ou tissus d’or et d’argent ; comme aussi de galons, broderies, pierreries et bijoux de métal. Défense à lui de porter des armes non plus que des armoiries ; de voyager à cheval, et d’approcher à la distance de moins de 30 milles de toutes les maisons royales en Espagne, ainsi que de la cité de Séville et de celle de Lima, où il avait reçu le grade de Docteur ès-lois. Ses biens furent saisis et confisqués, au profit du Roi, ce qui va sans dire, et ce qui dénote assez l’origine de cette pénalité fiscale.

Après avoir entendu ladite sentence à genoux, tenant à deux mains une torche en cire verte, et dans son costume habituel, sans la chasuble à croix de Saint-André, ni le san-benito, ce qui n’était plus