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SOUVENIRS

eux comme étant la conséquence et la suite inévitable de ces contractions pour abréviation, qui arrivent toujours progressivement dans la marche des siècles et celle des langues, où les mots de racine barbare tendent continuellement à s’adoucir en simplifiant leur orthographe et se débarrassant des lettres superflues (c’est principalement des consonnes). Tout ceci n’avait pas duré plus de quarante-deux ans. On les avait laissés faire, attendu que c’était bien égal à tout le monde, et quand ils en sont arrivés à ce nom de Franquetot, ils s’en sont tenus là.

On avait dû croire et l’on avait toujours cru que le Chevalier de Pougens était fils naturel du Prince de Conty, Louis-François Ier, mais ensuite on aurait voulu se persuader et nous faire croire qu’il était fils de la Duchesse d’Orléans, sœur de ce prince, et c’était dans un intérêt pécuniaire et par un esprit de calcul intolérable, à mon avis. Toujours est-il que c’était M. le Prince de Conty et Mme  de Guimont qui se croyaient son père et sa mère. Le nom qu’il porte est celui d’un fief mouvant de la Duché de Mercœur en Auvergne ; c’était la maison de Bourbon-Conty qui le pensionnait, qui l’avait fait élever et qui l’avait pourvu d’un bénéfice ecclésiastique à la nomination de ses princes ; enfin je puis affirmer que M. le Prince de Conty, Duc de Mercœur, avait fait signifier judiciairement au Bailly de Froulay que Marie-Charles-Joseph, Sieur de Pougens, était son fils naturel, et qu’il demandait pour lui le titre et la croix de Chevalier de Malte, en vertu de ses droits et privilége de naissance. Le