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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

cule à Mme  de Simiane, et celle-ci le reporte à son frère aîné, l’Abbé de Damas, qui ne manque pas d’en faire part à l’Abbé de Montesquiou, lequel est, comme on sait, une fameuse commère en fait de prônerie ; de sorte que voilà tout le faubourg Saint-Honoér qui se trouve saisi d’engouement pour le Chevalier de Pougens. J’avais annoncé que c’était une de ces épidémies qui ne traversent pas la rivière, et ma prédiction s’est vérifiée.

Ce pauvre aveugle était journellement préoccupé, disait-il au moins, d’une composition gigantesque, et qui n’allait guère à sa taille ; ouvrage immense et qu’il avait intitulé : Trésor des Origines et Dictionnaire grammatical et raisonné des étymologies générales de la langue française. Je pense bien qu’il n’en a jamais composé que ce long titre, et comme il allait toujours s’informant, ruminant ou dissertant sur les étymologies, je lui dis un jour qu’il devrait bien consacrer un chapitre à la transformation du nom de Guillot, en celui de Franquetot. — Je ne vous comprends pas, répliqua-t-il ; et pour lors je lui traçai, d’après mon oncle le Bailly, l’historique de cette métamorphose, dont voici l’ordre et la marche.

MM. Guillot de Coigny désiraient pouvoir se rattacher à la famille des anciens seigneurs de Franquetot, dont ils avaient acquis la terre. Ils commencèrent par faire de leur nom de Guillot, Guiltot, et puis de Quiltot, ce qui n’avait pas déjà si mauvaise mine ; ensuite ils écrivirent leur nom de Franc-Quiltot, de Francquestot, et finalement de Franquetot. Ce dernier résultat fut représenté par