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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

parvint à me sauver encore une fois du piège dans lequel j’avais donné tête baissée, et je dois à quelques députés, le peu d’effets dont furent suivies les fausses démarches où m’avoient entraîné mes ennemis.

Ces raisons et des soupçons fondés, qu’on en vouloit à ma vie, me forcèrent de me retirer secrètement dans la maison d’un vertueux citoyen, qui consentit à partager avec moi le pain qu’il gagnoit à la sueur de son corps. Depuis ce temps, j’ai adressé à l’Assemblée Nationale et au rapporteur nommé par le comité de législation, dans mon affaire, plusieurs lettres et pétitions, qui ont été sans effet, vu les grandes occupations dont elle était accablée dans ce moment. Elle n’a pu prononcer sur mon triste sort ; ce que j’attends de jour en jour avec la plus grande impatience.

L’infortune où je suis réduit, dénué de tout, au milieu des biens qui devroient m’appartenir, me fait mener la vie la plus déplorable ; pouvant à peine suffire aux alimens de première nécessité, je me vois forcé par les malheurs les plus opiniâtres de suspendre l’impression de ma vie, qui doit ouvrir les yeux de mes concitoyens ; de ne pouvoir faire la recherche des titres nécessaires à la démonstration de mes droits et à la poursuite de mes réclamations devant les tribunaux. Je suis donc contraint de recourir à l’humanité des citoyens. À cet effet, je prie ceux dont la sensibilité les engagera à vouloir apporter un soulagement à mon infortune, de déposer leurs dons chez le C. haillon, homme de loi, rue des Poitevins, n° 20, section des Cordeliers à Paris. Il a bien voulu se charger de mes affaires ; sa probité est connue, et il aura soin d’enregistrer les noms et demeure de chaque citoyen ; il recevra toutes les sommes, quelque fortes ou modiques qu’elles soient, et remettra à chacune des personnes qui se présenteront une reconnaissance signée de ma main, par laquelle je m’engage, sur mon honneur, à leur remettre la somme qu’ils auront bien voulu me prêter, aussitôt que le gain de ma cause m’aura fait rentrer dans les biens qui m’appartiennent légitimement, et à donner en outre à chacun de mes bienfaiteurs un exemplaire de ma vie, dès que les secours suffisans me seront parvenus pour en achever l’impression.

Cette souscription volontaire sera ouverte tous les jours, de-