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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/116

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des tempêtes, sait fort bien que cette tardive pécheresse n’a fait qu’obéir aux lois naturelles qui déterminent les êtres, en dépit d’eux-mêmes.

— Nymphomanie sénile, diagnostique l’observateur scrupuleux. Au reste, hélas, ce n’est point là mal si rare. Démon de midi. De midi à quatorze heures, sourit-il – revanche innocente, – car, avec le calme, il a retrouvé cet esprit de pince-sans-rire que la fugitive elle-même, jadis, se plaisait tant à louer. Mais, s’il y a nymphomanie sénile, c’est-à-dire psychose morbide et peut-être même lésions organiques, il faudrait n’avoir aucun sens de justice, pour oser condamner, se mettre en colère, poursuivre une vengeance, exiger par exemple, à titre de représailles, le divorce… Et puis en vérité quel est le plus ridicule, le plus à plaindre, du savant qui achève, dans les honneurs, sa carrière, ou du magistrat qui a brisé son avenir, pris ses cliques et ses claques pour suivre, à travers des terres exotiques, une vieillarde oxygénée ?

Heureux d’en être quitte à si bon compte, un homme raisonnable, dès le soir où lui fut annoncée la fuite de Petitdemange et de celle qu’il avait appelée, plus de trente années durant, la compagne de sa vie, au lieu de crier, gémir, serrer les poings, sans rien perdre de sa sérénité, pria que lui fût