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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/121

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est encore la meilleure école. Tour à tour groom, prestidigitateur, sacristain, herboriste, le pauvre garçon, un jour qu’il se trouvait sans emploi, fut, pour ne pas mourir de faim, obligé de fixer à ses épaules une bosse en carton. Il l’emplissait de stupéfiants qu’il allait vendre où il pouvait. Ainsi, pendant trois ans, parcourut-il le monde, avec tout un choix de drogues sur son dos. Il était assez petit pour que la gibbosité n’étonnât point. Le malheur voulut que, mal assujettie, elle se mît un jour à brinquebaler, en pleine douane, à Vintimille. La supercherie fut reconnue. Condamné à plusieurs mois de prison, Mac-Louf eut le loisir de méditer. À ses dépens il avait appris à savoir où mène une existence hors la loi. Sa peine expirée, il se rendit au bureau central des Missions évangéliques, à Marseille. Comme, du temps de sa bosse, il avait fréquenté les hors-la-loi, et qu’il était au courant de la franc-maçonnerie des bas-fonds, très vite, il fut chargé des prédications en argot dans les ports. Il va dans les beuglants, les maisons louches, et avec des mots dont les créatures dévoyées usent elles-mêmes, commente l’évangile et parle des réalités humaines. Son discours n’a rien à voir avec un vulgaire préchi-précha. La Société de protection par l’expérience raisonnée et la Ligue positiviste lui ont