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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/124

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océan comme nous allons à Saint-Cloud. D’ailleurs tout le monde a la bougeotte. La Cynthia et son amoureux se trouvent quelque part dans les Amériques. Le vieux et la gosse sont les seuls à rester là…

Rester là. Pendant que trois couples font le tour du monde. Le père et Cynthia, pour ne point se laisser salir par l’habitude, cette mousse dont la tristesse verdâtre habille les corps et les cœurs immobiles ; Petitdemange et Amie, parce qu’il veulent embellir leur amour, se promènent la main dans la main sur les pentes de l’Himalaya, interrogent les lamas du Tibet, frissonnent parmi les ruines énigmatiques d’Asie, prient sur l’Acropole, parcourent les forêts vierges à quatre pattes, se cuisent au soleil de Palm Beach et trouvent encore le temps d’aller demander aux cartomanciennes de toutes les capitales d’Europe quand donc, enfin, leur permettra de convoler en justes noces la mort d’un vieillard qui s’obstine à ne divorcer point ; Mac-Louf et la mère, en Afrique, s’occupent à convertir des nègres.

Tout le monde a contemplé les chutes du Niagara, l’étable natale du Christ et les villes drôlement chapeautées de Chine. Leurs pieds ont foulé un sol où l’herbe pousse à vue d’œil, tandis qu’une