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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/128

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grands coups de griffes, enfin c’est l’aube. De sa paillasse, elle regarde dormir le pieux Mac-Louf, couché sur le dos, les mains jointes. Ce mari d’un mètre carré, comme dit la cuisinière, si les nègres anthropophages avaient envie d’ajouter un petit supplément humain à leur menu, bien sûr que les tenterait peu sa chair apostolique. Et c’est la jeune femme qui serait cuite à la broche. Décidément le petit matin d’Afrique n’est guère fait pour réconforter les jeunes mariées. Très saint Mac-Louf, levez-vous, quittez cette longue, cette puritaine chemise de nuit qui vous donne l’air d’un ange vieillot et parcheminé. Mais que vous avez le sommeil dur, maintenant que vous n’êtes plus hanté par l’effroi des polices et des douanes. On vous a rendu la paix de l’âme en vous confisquant votre bosse de carton. Et vous laissez passer l’heure des caresses. Sonne celle de la prière. Debout, il le faut, debout, révérend. Baisers sur le front, puis un jeune ménage en robe de nuit s’agenouille pour demander au Tout– Puissant sa bénédiction. Ensuite un paravent est déplié. Côté messieurs, côté dames, on procède à des ablutions discrètes. Quand elle a fini de se laver les dents, Mme Mac-Louf supplie son époux d’inviter, sous menace d’enfer, les catéchumènes à la charité. Alors, ce