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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/130

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ne connaît d’autres vêtements que les anneaux dans le nez. Parmi les hautes herbes, c’est tout une fricassée de cuisses. Désirs tout roses dans la laine noire, le porteur de bonnes paroles aime mieux ignorer ces détails. Il retourne à sa case où la nouvelle épouse ravaude le linge. Lunch léger. On consacre l’après-midi à la rédaction des rapports. Il faut que l’Europe sache le mal que donnent ces bamboulas poussés encore plus vite que les plantes gigantesques et arbres monstrueux de leur pays. À neuf ans, ils sont hommes et femmes. Et leur intelligence n’a pas le loisir de croître parallèlement. D’où l’état précaire de leur civilisation, l’indécence de leurs mœurs, le caractère saugrenu de leurs actes qui entrent tous dans la fameuse catégorie des actes-champignons. Le missionnaire a le génie des communications officielles. Il est aussi un épistolier de premier ordre. Alors, pour un psychiâtre parisien ses lettres, ses moindres cartes sont pain béni. Et que de réflexions sur la manière d’organiser un continent où il n’est point rare de rencontrer des mères de dix ou onze ans. Heureuses petites négrillonnes nues en plein midi d’Afrique. Donnez-vous-en à cœur joie sur vos matelas d’herbes tropicales, tandis que le prédicant de sa plus belle encre, pour sa vieille marionnette de beau-père,