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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/149

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a été comme un vide. Il lui semblait qu’elle venait d’accoucher. On l’avait allégée d’un rude fardeau. Mais, depuis tant d’années, elle s’y trouvait si habituée que, de ne plus se sentir lourde d’aucun esclavage en contrepoids, elle pensait ne jamais pouvoir retrouver son équilibre. Ainsi la jeune mère qui sort de son lit le ventre soudain inhabité. Mais vite se retrouve la souplesse de ces minces créatures, dont il paraît à peine croyable qu’un souci, une menace ou même une simple attente aient empli les flancs. Amie qui a troqué son répertoire classique contre un plus digne de sa nouvelle existence, et n’a point demandé la sanction d’une progéniture aux caresses de Petitdemange, Amie cite Baudelaire.

La froide majesté de la femme stérile.

La froide majesté de la femme stérile. Et certes, quelle impassible grandeur, pour retracer les phases de son extraordinaire destin. Pendant quinze jours elle pourrait, sans se taire un seul instant, continuer le récit de ses aventures. Elle a tout vu, tout senti. À son insatiable curiosité, pas une heure qui n’ait apporté son tribut. Les dernières minutes n’ont pas été les plus banales, sur le bateau du retour, dont l’équipage, grâce au prétexte d’une