Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, pour un cortège d’honneur au bateau du père et de Cynthia, qui doit demain entrer au port, du fond des flots, ne seraient-ils point ressuscités ces Africains amateurs des voyages à bon compte ? Jambes de noyés, usées par le caprice invisible des larmes, dans les précipices sous-marins, vous vous mettez à refleurir d’une vie transparente de nageoires. S’allument les monstres électriques. Points d’interrogation à tête de cheval, des hippocampes montent verticaux. Les algues s’élèvent en arcs de triomphe. Une femme accueille l’hommage des vagues, mais les yeux hauts, continue à suivre les navires fantômes qui écrivent leurs marches en plein ciel. Étoile de Cynthia la rousse, astre de soufre et d’amour, là-bas, très loin, plus loin, plus haut que l’horizon et l’habitude, liberté, ventouse inexorable du mensonge universel, toi qui sais de l’esprit faire jaillir les geysers et des rues disjoindre les pavés dont l’hypocrisie des hommes a vêtu le sol nourricier, dont le mirage, sous la fallacieuse apparence d’une blonde barbe de magistrat pour une infatigable tentation de continents saugrenus et de mers inclémentes, a, de sa vertu, arraché l’épouse d’un psychiâtre fameux, soleil qui frappe à coup de folie la faiblesse des cœurs et des crânes, ô toi, que seul peut accepter, sans en pâlir à mort, le