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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/152

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regard de l’innocence, demain traversera la canicule une femme à l’écharpe de vent. Elle sera l’étrangère au seuil des rues. Son compagnon, le père, aura des yeux jaunes comme s’ils étaient d’un métal qui ne serait pas de l’or. Les loques pendues aux fenêtres, en l’honneur de ce couple, claqueront de toutes les couleurs, et l’été, pour un jour, un seul jour, qui ne pourra jamais être oublié des créatures qui l’auront vécu, l’été ne souffrira la moindre précaution de pénombre.

Cynthia, l’abreuvée de brises on ne sait d’où venues, tu es le pont de la planète minuscule et précise au mystère souverain. Tu es celle qui confond scrupules et scrofule, incapable de te rappeler, de ces syllabes moites à ne point toucher, lesquelles désignent l’hésitation des justices fabriquées, lesquelles, le mal qui carrie les os, laboure les muscles, pourrit les glandes.

Fragile et invulnérable, ton mépris des autres, de tous ceux qui ne sont point le silencieux amant, te protège des tentations de banal orgueil. Tu es sans chercher à savoir, quoi, comment, pour qui, pour quoi. Tu ne te reconnais aucune raison de t’intéresser au sort de ta vagabonde personne, de t’y attendrir, plutôt qu’à celui d’une botte de roses en train de mourir de chaleur à l’éventaire d’un