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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/168

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tu ne réponds rien. Tu as du vice toi, encore. Hé fils de pute. Il te faut des sensations, ma beauté, on t’en fera. Si tu aimes mieux, j’ai des collègues hommes. Veux-tu qui s’appelle Lucien. On l’a baptisé la Fauvette, ici, dans le quartier, parce qu’il chante comme un ténor. Mais le mignon, il n’a pas que la voix de bonne. Une nuit, il a rendu treize Japonais heureux. Et ces petites lunes jaunes, il ne faut pas leur en promettre. Si tu ne veux pas la Fauvette, il a un frère moins jeune, mais plus costaud encore. Un qui a cinq femmes, des dames qui travaillent sur le trottoir de la Cannebière, plus une de la noblesse, une nommée Loute d’Oisy, qui fait le théâtre. Mais répondras-tu, Bourri ?

— Avez-vous vu ma négresse…

— Ta négresse, tu me la cours, avec ta négresse. Ratichonnet, si tu veux la voir, ta négresse, regarde.

Un lambeau de chemise se soulève, et à deux mains un geste qui fait fuir l’homme de Dieu.

Comment, avec toutes ces épreuves, ne point regretter le temps où, déjà consacrée aux vices, son existence avait charge non de les corriger, mais de les satisfaire. Colporteur des rêves, avec une bosse de carton, il parcourait le monde. Contre une