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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/170

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Donc le missionnaire commence à lire ses psaumes. Soudain, le tire de sa pieuse besogne l’arrivée d’une blonde inconnue, qui se met à étaler des roses rouges sur le drap mortuaire.

— Je suis la veuve.

— Je suis le mari de la fille.

— Votre belle-mère.

— Votre gendre.

— Votre mère.

— Votre fils.

— Vous êtes le mari de ma fille.

— Et vous la mère de ma femme.

— Le gendre.

— La veuve.

Situation délicate. Grâce au ciel une parenté se laisse décliner jusqu’au retour de Mme Mac-Louf. Alors, Amie, d’autorité, constate :

— Feu ton père n’a jamais voulu divorcer. Donc je suis sa veuve. Devant la mort oublions nos erreurs, nos dissentiments. Embrassons-nous… C’est moi qui ai apporté les roses rouges. Il les aimait tant, le pauvre. Tu te rappelles ta jeunesse, le belvédère, les fleurs que j’arrosais moi-même à la seringue. Mon enfant, en présence du problème de la destinée tout s’éclaire d’un jour nouveau.