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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/171

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Soyons généreuses. Embrassons-nous, encore une fois… Un de mes amis, M. Petitdemange, m’a dit que s’il pouvait vous être utile en quelque chose, il se tenait à votre entière disposition. Il est très lié avec le directeur de la maison de Borniol. Nous nous devons de faire un bel enterrement. Ton père était le plus grand psychiâtre des temps modernes. Sa théorie des actes-champignons sans doute peut être discutée. N’empêche qu’elle était d’un esprit audacieux. Il faut honorer nos savants. Mais puisque la vocation de ton cher mari vous oblige à courir le monde et que moi-même me voilà fixée dans cette ville, pourquoi n’y point choisir la dernière demeure de notre cher disparu ? Ainsi, pourrai-je prendre soin de sa tombe, chaque jour, l’orner…

— Quel tact et quel admirable fonds de charité dans cette âme un instant égarée, conclura le missionnaire après le départ d’Amie. Votre mère a raison, chère épouse, et, somme toute, comme elle a dit si justement, jamais elle n’a cessé d’être la femme de votre père. Sa femme devant Dieu et devant les hommes. Alors, devant Dieu et devant les hommes oublions le passé. Au reste, du mal, pour nous, est né le bien, et sans un coupable amour, impossible eût été notre innocent bonheur. Donc,