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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/178

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Funèbre Loïe Fuller, une vieille femme, sous ses voiles de veuve, en plein visage reçoit des gros paquets de rouge, de jaune, de bleu. L’heure la gifle d’une main gantée d’azur perfide et de flammes. Elle ressemble à sa sœur, la chouette, lorsque incompréhensible dans son flot de crêpe, elle menaçait de calmes destins. Une créature qui se croyait entre deux mariages, comme la truite entre deux eaux, qui, sous le noir protocolaire, laissait deviner juste ce qu’il fallait des dessous de soie mauve, était à la fois et une veuve impeccable et une ardente fiancée qui regardait son rêve se dorer aux rayons de la ville de chair, soudain, à elle seule, devient un terrifiant ballet.

Babylone. Babylone, danse parmi les pierres que nul ciment n’a jointes. Babylone, quels doigts assembleront ces matériaux épars dont bâtissent leurs demeures, les hommes ? Ce soir une maison inachevée déjà semble une ruine, et demain, quand elle ira porter les fleurs promises à la tombe du positiviste, Amie s’effraiera du visage de Cynthia reconnu dans les veines du marbre. Lors de son voyage de noces en Suisse avec le défunt, voilà bientôt trente-cinq ans, à chaque montagne les jeunes et purs époux s’amusaient (plaisir innocent) à chercher des ressemblances entre le méli-mélo